dimanche 11 janvier 2009

TOME 12 : Semaine ordinaire

TOME 12 : Semaine ordinaire
lettre du 12 février 2007

Les Moscovites vont au théâtre. Les Moscovites sortent voir des comédies musicales. Les Moscovites aiment les ballets. À Rome, il faut vivre comme les Moscovites, nous dit-on... Davaï, il serait temps de s'y mettre ! Paula et moi sommes allés mardi dernier dans une des cinq cents salles de spectacle de la ville voir une comédie musicale qui fait fureur ces temps-ci : la version russe de Jésus Christ Superstar ! De temps en temps, il faut savoir vivre dangereusement et nous sommes décidés à affronter tous les pièges tendus dans cette jungle slave et métropolitaine où règnent en maîtres la musique disco et le mauvais goût. Étant née en 1974, Paula connaît par coeur ladite comédie musicale, et je dois avouer que c'est elle qui m'a traîné dans ce théâtre pour admirer dans un décor d'un goût douteux une mise en scène rappelant à la fois Starmania et Holiday on Ice. Jésus Christ Superstar est sensé être un opéra-rock, et soyons honnête, nous assistons plutôt à un opéra-disco-pop, et si le Judas est assez convainquant en fourbe et vilain Gargamel, la superstar -Jésus- ressemble trop à ces chanteurs de boys bands à la voix de fausset et aux cheveux ultra gominés, ces jeunes premiers qui trônent souriants sur des posters décorant les chambres rose et bleu pâle des jeunes filles en fleur qui tiennent des journaux intimes et sont secrètement amoureuses du délégué de classe des troisièmes B parce qu'il vient au collège sur un scooter débridé et qu'il est guitariste dans un groupe de post-grunge. Paula m'a fait remarquer après le spectacle que Judas avait chanté la chanson de Ponce Pilate et que le personnage habillé comme dans Matrix d'une sorte de soutane en cuir, mitaines assorties et lunettes noires n'existait pas dans la version originale. On pourrait croire en lisant ces lignes que je n'ai pas apprécié ce spectacle ; c'est faux, j'ai adoré. Les danseurs étaient tous exceptionnels, les chanteurs -excepté Jésus- étaient tous très bons, et le metteur en scène avait eu l'excellente idée d'habiller les grands prêtres parfois en officiers de l'armée Russe, parfois en politiciens aux doigts pleins de bagouzes, parfois en mafiosi tirant toutes les ficelles. Le plan Lumières par contre était médiocre, pour ne pas dire mauvais, tous les éclairages étaient roses, mauves et verts, et le régisseur manipulant la poursuite avait systématiquement une seconde de retard, et éclairait assez régulièrement la mauvaise personne... L'avantage de voir une comédie musicale relatant une histoire que tout le monde connaît, c'est que j'ai pu toujours suivre les péripéties et les états d'âme des personnages en ne comprenant pourtant qu'un mot sur cinq ! J'attends maintenant impatiemment le jour où Hair sera traduit et mis en scène dans le coin.

Deux jours plus tard -jeudi soir- deux nouvelles élèves de l'Ecole de Cirque de Copenhague sont arrivées chez nous : Stella et Lalla. Nous avons célébré leur arrivée le soir même tout en fêtant le départ de Paula, qui nous a quitté dimanche soir pour s'en retourner enseigner les arts plastiques, l'histoire des religions ou la sociologie (elle a les diplômes pour enseigner ces trois matières) dans sa Hollande natale. Une fois de plus, chacun a cuisiné de quoi nourrir cinq personnes, une fois de plus nous avons fini le repas croulant sous le poids des denrées absorbées en quantités astronomiques. Le dessert fut un des plus grands instants culinaires qu'il m'ait été permis de vivre en ces froides terres d'ex-Urss : Nicoletta nous a préparé un Tiramisu à damner tous les saints de la terre. Il faut dire qu'on l'avait mérité, après avoir passé Nastia, Simon et moi plusieurs heures dans les magasins et marchés locaux afin de trouver les ingrédients permettant la confection du dudit dessert transalpin... Cette soirée de bienvenue-au revoir bien qu'extrêmement chaleureuse prit fin avant minuit tout le monde devant se lever tôt le vendredi matin pour se rendre à l'école. J'ai passé la soirée à côté de Simon ; je suis content d'avoir enfin trouvé ici quelqu'un avec qui raconter des conneries sans interruption, accaparer toutes les conversations, raconter des blagues stupides... Ici, les nouvelles recrues n'ont pas remarqué à quel point je suis capable de monologuer ou de prononcer des phrases de soixante-douze lignes sans respirer, tant Simon me surpasse dans cet art. Nicoletta a seulement poussé ce cri de désespoir "C'est pas possible, ils se sont trouvés !" (Elle est Italienne, quand elle crie de désespoir, même en français, c’est impressionnant)... Deux mecs pour onze filles, nous avons déployé maints efforts pour réussir à être ceux qui monopolisaient la conversation, et avouons-le, nous avons été très bons...

Vendredi soir, Linn, Line, Lalla, Signe, Maja, Paula, Sophie, Regina et moi sommes allés au Théâtre Bolchoï voir un ballet dans lequel deux grandes stars du genre tenaient les rôles principaux. Nous sommes arrivés au théâtre une demi-heure avant l'ouverture des guichets mais heureusement, à ce moment-là la queue n'atteignait pas encore l'extérieur, nous avons pu attendre au chaud ! L'attente est longue, longue, et nous passons notre temps à dégoiser des inepties sur nos talents de danseurs, Linn et moi. En fait, nous avons nos cours de danse classique à deux, et nous apprenons ces temps-ci de magnifiques chorégraphies pour deux danseurs avec notre pimpante enseignante septuagénaire. Nous nous échauffons dans la queue pour être prêts ce soir à monter sur scène et être les têtes d'affiches du ballet. Un milicien de la sécurité calme parfois nos ardeurs juvéniles de danseurs classiques un rien mégalomanes en maugréant des phrases inaudibles mais pleines de significations. Et l'attente continue... Nous finissons par entrer dans une sorte de jeu : le spectacle ne se déroule pas dans la salle de spectacle, mais ici, dans la queue, et Linn et moi en sommes les vedettes. Le milicien est un figurant, la caisse du théâtre un décor on ne peut plus réel, et quand nous arriverons au guichet, ce sera le clou du spectacle ! C'est finalement ce qu'il advient : quand nous arrivons au guichet, les dernières places viennent d'être vendues, et nous n'avons plus qu'à tenter notre chance une prochaine fois. Paula est extrêmement déçue : après trois mois en Russie elle n'a toujours pas vu un seul ballet, et elle quitte le pays le lendemain ! À la sortie des guichets, un étudiant autochtone qui connaît l'ouvreuse nous dit qu'il peut faire entrer une personne en se faufilant dans la salle par la porte de derrière... Cours-y donc Paula, nous on aura l'occasion d'en voir d'autres !

Samedi, Paula a mis les voiles. Après une bonne journée de stress, de questionnements existentiels ("Est-ce que j'ai toutes mes affaires ? Où est mon passeport ? Pourquoi je reste pas plus longtemps ? Je fais quoi en rentrant en Hollande ?") et de "choses qui doivent absolument être faites avant mon départ" Paula a bouclé sa valise, et nous voici partis affronter les derniers pièges que Paula subira sur ce sol gelé. Et un sol gelé avec un sac de quinze kilos sur le dos devient un obstacle, un ennemi ! Nous voici donc partis, Paula avec un sac dans chaque main, et moi avec sa maison sur mon dos, par une froide soirée où la neige nous a tout de même laissé un répit. Après quelques mètres de marche en direction du métro, nous décidons de trouver un bus qui nous mènera à ce métro qui devient bougrement loin quand on est chargés comme des baudets sur un sol glissant. Nous montons dans le premier bus que nous trouvons, espérant que celui-ci nous mènera à la Gare de Biélorussie, où se trouve la ligne circulaire qui nous mènera à Komsomolskaïa où se trouve la gare de Leningrad. Coup de chance, le bus nous pose au bon métro, et je commence à croire que tout va bien se passer... Quel naïf je fais ! Arrivés à Komsomolskaïa nous réalisons qu'à cette station se trouvent évidemment trois gares, il va falloir trouver la bonne. Une d'entre elles a son nom marqué sur son fronton, il ne reste plus qu'à trouver la bonne parmi seulement deux gares ! Facile... Nous entrons dans la plus jolie qui reste, marchons dans le hall, sans toujours savoir si oui ou non nous sommes dans la bonne. Au panneau des départs nous trouvons le train de Paula, départ dans vingt bonnes minutes ! Ça ne sera pas de trop pour trouver le bon train et le bon wagon. Petite surprise : Paula arrivera à Saint Pétersbourg à 4h 20 du matin, l'arrivée ne sera pas évidente. Paula est bien chargée, Paula est Paula : elle va passer deux jours à "Pieter" mais n'a strictement rien prévu pour le logement sur place, va-t-elle devoir se promener toute la journée avec trois mois de bagages ? Pour tout vous dire, je ne sais pas trop comment elle a fait pour ces jours à Pieter, n'ayant pas eu de nouvelles de son arrivée en Hollande... Une fois le quai trouvé, nous avons cherché durant pas mal de temps son wagon ; il faut dire que nous avons un peu de mal à comprendre ce mystérieux billet de train que Paula tient en mains. Puis d'un coup, tout s'illumine :"Tu es dans le vingt-troisième wagon !". Nous longeons alors le train dans toute sa longueur, admirant les vieux wagons-lits (tout le monde a droit à sa banquette, et les matelas ont l'air plus confortables que dans nos chambres d'obchégitié) datant de la glorieuse époque soviétique. Finalement -après une bonne trotte sur le quai- nous trouvons la bonne voiture, et je rends à Paula son sac à dos. Voici venu le temps des adieux... Ce n'est pas très évident, pas si marrant, Paula et moi avons vécu ensemble pas mal de choses ces trois derniers mois, et comme elle ne pense pas rester réellement dans le monde du cirque en rentrant en Europe, les chances que nous nous recroisions dans le futur sont assez minces. Nous nous souhaitons toutes les bonnes choses du monde, puis elle monte dans son wagon, sur l'appel d'une acariâtre contrôleuse. J'allume une cigarette en faisant le chemin inverse sur le quai ; ça y est, je suis le dernier étranger de la première fournée...

Dimanche après midi, nous sommes allés voir un ballet au Palais du Kremlin. J'ai mené la joyeuse troupe jusqu'aux jardins d'Alexandrovski Sad où se trouve le théâtre en question. Nous sommes parvenus sans encombre aux jardins en question, et avons trouvé avec une facilité déconcertante la caisse du théâtre, caisse qui est en elle-même un édifice imposant. À l'intérieur, nous avons découvert avec déception que toutes les places au tarif étudiant avaient été vendues, et qu'il ne restait plus que des places à 2000 roubles - près de 60 euros- au parterre du théâtre. Plusieurs personnes sont alors venues nous aborder... En Russie, pour chaque spectacle important, des gens achètent une quantité de places plusieurs semaines à l'avance, sachant qu'ils pourront les revendre bien plus cher quelques heures avant le spectacle sur le marché noir. Ce n'est pas considéré comme malhonnête, et la plupart des transactions se déroulent dans les locaux des caisses du théâtre. Un revendeur maîtrisant l'anglais d'une manière fort peu habituelle chez les Russes nous mis le grappin dessus, nous proposant des places à 1000 et 1500 roubles... C'est bien trop cher pour nos maigres bourses d'étudiants ! Nous commençons à prendre le large et je propose d'aller nous promener sur l'Arbat, une grande rue piétonne qui est à quelques minutes de là quand le revendeur nous rattrape et nous propose d'autres places, bien moins cher... Ah, du marchandage, on va enfin s'amuser un peu. Je ressors l'habituel "On est étudiant, on ne peut pas se permettre de payer tant", et Signe qui à grandi en Amérique du sud et qui est habituée à ce genre de situation me vient rapidement en aide... Elle est d'une incroyable efficacité. Après plusieurs marchandages, plusieurs coups de fil, après quelques transactions, nous avons tous nos billets pour le ballet "Spartakus" qui commence une heure plus tard. Après les négociations, nous finissons par demander à notre vendeur, “Mais où se trouve le théâtre ? - Dans le Kremlin !". Dans le Kremlin ! Nous allons donc pouvoir pénétrer le Palais qui a abrité les Tsars, les dirigeants de l'URSS et maintenant le président de la Fédération de Russie. En nous approchant du palais, nous apercevons que -oubliez quelques secondes ma tendance à exagérer, et considérez que les gens d’ici adorent les ballets, et que nous étions un dimanche après-midi devant le théâtre du Kremlin- peut-être un millier de personnes attendaient déjà l'ouverture du théâtre. Nous patientons alors dans les jardins pour pénétrer dans le Kremlin, car il y a bien sûr des contrôles à l'entrée du Kremlin. Une fois dans le palais, nous voyons enfin le théâtre : c'est un immense édifice de la grande époque Stalinienne, d'une taille incroyable. La salle de spectacle, à plusieurs balcons, peut accueillir plusieurs milliers de spectateurs, mais chose incroyable, depuis le dernier rang du dernier balcon -où je suis assis- on peut voir la scène de manière plus que convenable ! Le spectacle est bien sûr grandiose, les danseurs d'incroyables virtuoses, souples, gracieux, agiles, et si précis dans leurs mouvements... J'envie leur talent. En rentrant, après 2h 30 de spectacle, nous nous mettons au lit sans en demander plus !

La semaine qui suivit fut épuisante, j'ai beaucoup travaillé, et je n'ai pas été le seul ! Vendredi soir, nous étions tous exténués, et au lieu de sortir dans Moscou, nous avons fait une soirée à la maison, dans la chambre de Simon et Nicoletta, et cette fois nous avons invité quelques Russes vivant avec nous à l'obchégitié. Repas gargantuesque, musique, et danse, à treize dans une chambre de 20 m2 ! La soirée fut très agréable, extrêmement festive, mais à minuit et demi, nous étions tous au lit ! Et ce week-end, bien qu'assez froid (la météo a prévu que cette nuit, la température descendrait jusque -24) fut incroyablement ensoleillé. Dimanche, Fabienne, Fanny et moi avons décidé d'aller nous balader dans les grands parcs de Botanitcheski Sad, histoire de nous aérer un peu et de faire un joli bonhomme de neige.

Je n'avais pas réalisé à quel point les parcs du nord de Moscou étaient immenses : trois parcs sont mis bout, chacun étant suffisamment grand pour qu'on puisse s'y promener deux heures sans en voir les grilles, suffisamment grand pour qu'on puisse aisément s'y perdre dans des bois épais qu'on y trouve. Nous voici donc dans Botanitcheski Sad, à nous promener gentiment au milieu des skieurs et des parents poussant leurs enfants sur des poussettes en traîneaux... Sur les pelouses, là où la neige n'est pas balayée, la neige est extrêmement poudreuse, et nous arrive à mi-mollet, ci ce n'est parfois jusqu'aux genoux. Après quelques mètres dans le parc, nous apercevons ce qui pour nous petits Français paraît incroyable : une mamie et ses petits enfants traversent à pied un étang gelé ! Nous voulons essayer, nous voulons absolument y aller, mais au premier pied que je pose sur l'étang, un milicien debout de l'autre côté du petit lac pousse un strident coup de sifflet et agite les bras pour nous faire dégager... La déception est immense. Trois minutes plus tard, un garnement s'élance aussi sur l'étang, en se dirigeant sur l'île se trouvant en son milieu en se cachant du milicien et parvient sur l'îlot quand le méchant policier l'aperçoit et siffle de nouveau en vrillant les tympans de la moitié Moscou. Le gamin s'en soucie comme de sa première roubachka et continue ses aventures sur le lac gelé. Cent mètres plus loin, nous trouvons un second lac gelé, recouvert comme le premier de vingt bons centimètres de neige, où aucun représentant des forces de l'ordre ne semble présent. Je m'aventure alors sur la glace en marchant sur des oeufs, et me rends finalement compte que celle-ci serait assez épaisse pour ne pas rompre sous les pas d'une meute de rhinocéros obèses, et je prends confiance en moi. En parlant de meutes, les meutes de chiens des grands parcs sont vraiment impressionnantes, les animaux vivent ici à l'état naturel ! Les chiens sont nombreux, résistants, mais ne s'approchent pas des hommes. Bref, je ne serais pas étonné que quelques loups se soient mêlé aux meutes et vivent ici tranquillement au milieu d'une des plus grandes villes d'Europe. En fait, si on les écoute hurler à la mort tous ensemble et qu'on fait preuve d'un minimum d'imagination, on entend bien au milieu des chiens la voix de quelques loups des steppes... Nous continuons notre route, piétinons d'autres lacs gelés, puis nous nous arrêtons pour construire un magnifique bonhomme de neige. Nous commençons chacun de notre côté à faire une jolie boule, afin de la rouler, de la faire grossir et d'obtenir ce qui sera les jambes de notre bonhomme. Malheureusement, la neige est si poudreuse, si friable que nous sommes totalement incapables de compacter la moindre petite boule, et finalement nous abandonnons notre projet de bonhomme pour une jolie bataille de neige. Avec la température, qui varie entre moins vingt (la nuit) et moins dix (les jours de chaleur), la neige qui tombe est une poudre fine et légère, et nous comprenons rapidement qu'il est inutile d'essayer de faire une quelconque boule, mais qu'en donnant un coup de pied dedans, nous soulevons des nuages de glace qui gèlent instantanément la personne en face de soi. La bataille de neige ressemble plus à une bataille d'eau, nous nous éclaboussons, et en quelques minutes nous sommes entièrement recouverts d'une couche de glace qui ne fondra pas tant que nous restons dehors par moins onze ! Reprenons notre chemin vers un autre lac gelé ; cela fait un certain temps que nous marchons, et nous n'avons aucune idée d'où pourrait se trouver la sortie...

En arrivant vers le lac, nous sommes interpellés par deux Russes tenant en main d'antiques appareils de photo mécaniques, avec viseurs à miroir et pellicules introuvables dans le commerce. Ils sont photographes pour le magazine Afficha et cherchent des jeunes qui accepteraient de jouer dans la neige un petit moment afin qu'ils puissent prendre des photos sous la magnifique lumière de ce dimanche après midi. Ils nous expliquent qu'ils se servent de vieux appareils photo parce qu'ils ne contiennent pas une once d'électronique et peuvent donc fonctionner par quinze degrés de froid et sous la neige. Nous passons alors une demi-heure à nous battre comme des chiffonniers dans la neige, sur le lac, prenant parfois la pose, synchronisant nos lancers nous liguant à deux contre un, à un contre deux, toujours à l'affût d'une nouvelle manière de couvrir les deux autres de honte et de glace pilée. Nous sommes sans pitié, nous sommes fourbes, faisant jouer les alliances, trahissant notre allié, faisant autant de coups bas que de coups de maîtres ! Quand notre énergie commence à décliner, tout comme la lumière du soleil qui se cache déjà derrière les arbres, nous prenons quelques dernières poses pour cet adorable couple de photographes moscovites, qui sont bien contents d'avoir trouvé des postadolescents-presquadultes tout à fait capables de se battre comme des gosses pour la beauté du geste. Nous récupérons leur e-mail, ils nous enverront des copies des photos quand celles-ci seront tirées, nous garderons des images de cette épique bataille de neige ! À peine les avons-nous quittés que nous voyons un milicien à cheval, puis un second, un troisième, puis finalement six ou sept cavaliers de la police montée qui réchauffent les chevaux en faisant des courses dans les prés enneigés. Ces images sont superbes, cette armée de cavaliers montant des chevaux suffisamment robustes pour supporter ce froid (sûrement plus des chevaux mongols que des pur-sang anglais) nous fait croire à une armée de Tatars s'entraînant au combat dans les steppes de Mongolie extérieure. Un seul détail voile le tableau : nous voyons derrière eux la tour de la télévision, nous sommes quand même en ville ! Nous commençons alors à chercher la sortie, traversant d'épais sous-bois pour arriver près de chez Fanny et Fabienne. Retour à la civilisation, les voitures puent, la neige est sale, les bus klaxonnent... On y retournera la semaine prochaine !

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