TOME 15 : Les aujourd'hui qui chantent
lettre du 14 avril 2007
Découvrez Lisa Ekdahl!
Certains croiront que je fais une fixette sur le printemps, que je démarre toujours par là, mais soyons honnêtes, l'hiver a été long, et je dois avouer que nous avons vu venir les beaux jours avec un certain soulagement. Au début c'était plus un pressentiment qu'un véritable changement, le soleil est arrivé avant la chaleur... Puis quelques détails ont commencé à me mettre la puce à l'oreille, des trucs insignifiants à première vue mais annonçant sans équivoque l'arrivée des lendemains qui chantent. Ça a commencé quand je me suis aperçu qu'au bout de Tvierskaïa, vers le manège et la Place Rouge, les Toi-toi se sont mis à réapparaître, et à gagner le reste de la ville. Les Toi-toi, ce sont ces toilettes en plastique comme on en voit aux abords des chantiers, ou dans quelques festivals, et on en voyait à chaque coin de rue jusqu'à l'arrivée du froid sibérien. Si ces Toi-toi avaient disparu le temps de l'hiver (on ne s'attardait de toute façon pas dans les rues, et par -25, il était impossible aux gardiens de Toi-toi de survivre à des journées de travail en plein air) ils sont, durant les beaux jours, indispensables à la ville de Moscou, considérant l'amour indescriptible des Russes pour les grandes ballades en ville et dans les parcs, des heures durant et une bière à la main. Une dans chaque main, allez...
D'autre détails ne trompaient pas: les musiciens de Teatralnaïa sont revenus peu à peu (en fait de musiciens de rues, ce sont sept ou huit violonistes, quatre altistes, deux violoncellistes et un contrebassiste qui jouent ensemble des "tubes" de la musique classique dans un passage souterrain à la sortie du métro, juste à côté de leur voisin, revenu quelques jours plus tard, qui vend sur des tréteaux ses œuvres d'art, pour la plupart des femmes nues peintes à la bombe dorée. Puis les vendeuses de souvenirs à la sauvette ont remis le nez dehors, les vendeurs de gants et de bonnets ont liquidé leurs stocks et vendent maintenant des lunettes de soleil (pour la plupart des Dior, Chanel ou D&G à 50 roubles), et surtout, les rues sont pleines de promeneurs. Et j'en fais partie. Plus de doute, les beaux jours sont là ! Le soleil brille depuis deux semaines, la température bat des records en frisant parfois les douze degrés (mais ça reste de l'ordre de l'exceptionnel) la neige a entièrement fondue... Nous pouvons de nouveau nous balader, voir la ville, lézarder sur les bancs des jardins du Kremlin en léchant des glaces, ôter nos manteaux (pas après 18 h, ne poussons pas mémères dans les orties), jouer à faire semblant de bronzer, jurer contre les Russes qui ne connaissent pas le principe du café en terrasse, nous réfugier au chaud après s'être rendus compte qu'on avait surestimé la température...
En partant rue Sadovaïa à la recherche de la maison où se déroule pour une grande partie "Le Maître et Marguerite" de Boulgakov que Fab et moi avons dévoré dernièrement, nous sommes tombés sur de charmants quartiers qui nous étaient jusqu'ici inconnus. Près du centre, mais loin des grands axes, nous avons découvert des enfilements de ravissantes petites rues, de places et de squares, choses que nous n'avions jamais vu a Moscou, ou nous connaissons plutôt les grandes avenues, les perspectives, les ignobles anneaux périphériques, les rues débordantes de voitures et les places grandes comme vingt-trois terrains de football. Voilà qui est plus reposant. C'était une des premières ballades des beaux jours, nous avions quelques heures à tuer avec Fanny et Fab avant de retrouver Juan qui passait par Moscou le temps d'un week-end, envoyé par sa boîte pour faire un boulot dont je n'ai pas exactement compris de quoi il s'agissait. Des histoires de programmations de caisses de supermarché ou quelque chose dans ce goût là, bref, rien de bien palpitant. Nous devions retrouver Juan à Chistie Proudi, dans l'entrée de la station de métro. Pendant que nous l'attendions, une bagarre entre jeunes bourrés à commencé à trois pas de nous, une engueulade entre un mec et une fille qui a tourné en pugilat général, même si l'essentiel des coups a été échangé par deux jeunes, qui se sont mis des roustes d'une violence passablement indescriptible. Nous avons continué d'attendre Juan à deux pas de la mêlée, en râlant pour qu'il se dépêche, et conjecturant soixante hypothèses différentes sur les causes de son retard. Puis par un coup de fil nous avons finalement appris qu'il nous attendait dehors : en voyant la bagarre en arrivant à la station, il avait pris le large tellement vite qu'on ne l'avait pas vu passer. En sortant, nous avons eu une étrange surprise : pour une raison qui nous est encore inconnue, tous les punks, gothiques, skinheads, hard-rockeurs, métalleux et crânes rasés, chargés jusqu'aux yeux d'alcool et de produits divers s'étaient donnés rendez vous dans le parc, qui bien que de taille conséquente débordait de jeunes défoncés en Doc Marten's. Nous sommes partis à la recherche de "l'auberge de jeunesse" de Juan, qui s'est avérée être un appartement au quatrième étage d'un immeuble dans une arrière cour mal éclairée, où cinq lits étaient loués à la nuit. Pendant que Juan entrait poser ses affaires, nous avons attendu sur le palier -sentant la pisse de chat comme ça ne devrait pas être permis- en essayant d'apercevoir l'intérieur de l'appartement. L'ameublement, la tapisserie, l'odeur de chat et la tête du propriétaire des lieux semblant sortir tout droit de Starky et Hutsh nous permirent de classer les lieux dans la même catégorie que "l'appartement de mon arrière-grand-mère qui habite Melun". À peu près. Puis nous sommes repartis vers le centre, pour nous retrouver tous les quatre au FAQ, pour se refaire une soirée entre nous, comme nous n'en avions pas fait depuis un certain temps. Après quelques heures, nous partons, en achetant bien sur une bière chacun au premier kiosque que nous avons croisé comme chaque promeneur moscovite qui se respecte, nous sommes partis faire un tour sur la Place Rouge, le Manège, tous ces jolis coins que Juan n'avait pas vu depuis quelques mois, et nous nous sommes séparés afin de rentrer dans nos chez-nous respectifs avant les heures de fermeture des portes (nous avons chez nous un nouveau garde aussi hideux que désagréable, qui nous déteste presque autant que nous le haïssons et qui est très tatillon sur les horaires...) en espérant que Juan ne se ferait pas écharper entre le métro et son auberge. Je l'ai revu deux jours après, il était toujours vivant, il n'est donc pas vecteur de poisse en permanence, il doit s'accorder des pauses de temps en temps. Nous sommes allés -les quatre français- boire un chocolat chaud et grignoter des petites pâtisseries au salon de thé du Café Pouchkine, établissement cité quelques années auparavant par un grand homme de lettres français qui vantait son chocolat. Le lieu est incroyable, en passant la porte, nous sommes accueillis par une petite soubrette dans une salle qui pourrait se trouver quelque part dans le palais de Versailles. Voici un joli voyage dans le temps, en passant la porte nous avons quitté le XXI° siècle russe pour nous retrouver tout à coup à la cour de Louis XIV, dans une salle richement décorée, aux plafonds sculptés, aux moulures dorées, où serveurs et serveuses sont des soubrettes et des valets... Dans un endroit si huppé, le chocolat chaud reste tout de même moins cher que dans n'importe quel bar parisien, et nous avons même les moyens de nous offrir des petits fours et des sablés, que nous dégustons le petit doigt en l'air, en jouant les précieux. En partant à la recherche des toilettes, qui m'ont été indiqués par un valet en livrée et une dame en habits de cour, je suis tombé dans la salle de restaurant, et je n'aurais absolument pas été étonné d'y croiser Louis XVI ou un quelconque monarque décédé depuis plus de deux siècles : la salle est encore plus richement décorée, une version encore plus rococo de la chambre du roi, où les serveuses portent des robes de reines, où un orchestre d'hommes et de femmes en perruques poudrées joue sur des harpes et des violes de gambe une musique nous plongeant dans l'ambiance... Incroyable. Comme Juan est un amoureux de ce style, et qu'il a adoré le film Marie-Antoinette, je l'envoie se paumer à son tour aux abords de la salle de restaurant. Je dois préciser maintenant que Juan est un branché sud-américain aussi précieux et homosexuel qu'il est permis de l'être, aussi, personne n'a été étonné quand il est revenu tout enthousiasmé nous annoncer que le jour où il se marierait avec un prince charmant, la cérémonie aurait lieu ici...
Nous sommes ensuite repassé une dernière fois près de la Place Rouge, et il est reparti vers chez lui, prêt à prendre son avion le lendemain...
Aux dernières nouvelles, il a réussi cette semaine à aller jusqu'à Londres sans y laisser sa peau, alors qu'il y a tout de même une mer à traverser... La mauvue a peut-être finie de s'acharner sur lui, qui sait ? Permettez moi tout de même d'en douter...
En plus de Juan, nous avons eu droit à la visite de Stine et Rasmus, deux professeurs de l'école de cirque de Copenhague. Je dis nous parce que depuis quelques temps je suis plus ou moins considéré comme un Danois à part entière, comme une Danoise même, de temps en temps. Enfin bref, ils avaient été prévenus qu'un inconnu s'était fondu au groupe de leurs élèves, et qu'il fallait qu'ils me dorlotent au même titre que leurs véritables élèves, ce qu'ils ont fait d'une manière charmante. Ils nous ont emmenés au vieux cirque de Tsvietnoï Boulvar où je n'avais encore jamais mis les pieds, payé des pop-corn, et nous leurs avons joué une version chorégraphiée "à la Russe" de "All My Loving" des Beatles. Bref, pour eux un petit moment en famille où j'ai été agréablement invité...
Comme un bonheur n'arrive jamais seul mais qu'il faut toujours compenser les bonnes choses par des emmerdes, le moral revenant, c'est le physique qui a vacillé et la tendinite tant redoutée s'est abattue sur moi comme la vérole sur le bas clergé. Les tendinites au coude, épaule ou poignets sont au jongleur ce que le coup de grisou est au mineur de fond, en moins dramatique, je vous l'accorde. C'est quelque chose qui arrive toujours au petit bonheur la chance, sans crier gare, et surtout généralement sans raison apparente... N'étant couvert par aucune sécurité sociale ou assurance maladie, j'ai décidé de jouer la carte de l'économie, et puisque les centres médicaux européens sont au-dessus de mes moyens, j'ai fait l'expérience des Hôpitaux Russes, avec, je dois l'avouer, une certaine appréhension. J'ai décidé de faire fi des "Ils te font une piqûre et ils te filent le tétanos" ou "ils te laisseront crever dans la salle d'attente si tu ne paye pas un bakchich" et de me rendre à la Polyclinique publique la plus proche de chez moi. Grâce à l'aide de Tania, la responsable de toutes les choses qui se passent mal dans l'école, j'ai réussi à obtenir les horaires des consultations ouvertes du chirurgien Sergueï Ivanovitch Gorbatsienko, spécialiste en traumatologies diverses. Vers 16 h, je franchis l'entrée de l'Hôpital, pour arriver dans un hall d'accueil quasiment présentable, mais entièrement vide d'employés... Je passe les tourniquets et me dirige vers le tableau des présences à la recherche du fameux chirurgien, finis par le trouver après cinq bonnes minutes et me dirige vers le sixième étage où se déroulent les consultations. En grimpant les escaliers, en passant les paliers, je me rends rapidement compte que le hall quasi-présentable n'est qu'une couverture, et qu'en le quittant, je laissais derrière moi le presque XXI° siècle pour plonger curieux mais sur mes gardes dans la première moitié des années cinquante. Deuxième voyage dans le temps de la semaine ! Arrivé au sixième étage, je suis bleu, les veines du front prêtes à péter d'avoir grimpé les trois derniers étages en apnée pour ne pas respirer les miasmes s'échappant des services des maladies infectieuses des troisième, quatrième et cinquième étages. Arrivé devant le cabinet, je m'assois dans la salle d'attente, et suis reçu dix minutes plus tard par un médecin ressemblant à s'y méprendre à mon Grand-Père Forest, qui je dois le préciser est octogénaire depuis déjà quelques temps. A ce moment me revient en mémoire ce petit détail : le concept de retraite est ici tellement flou et symbolique que les gens travaillent jusqu'à tant qu'ils n'en puissent vraiment plus... Si le chirurgien n'a sans doute pas encore célébré ses quatre-vingts printemps, et s'il est sûrement plus jeune que ma professeur de danse classique, je mettrai ma main à couper qu'il a plus de soixante-dix ans (vu l'état de mon coude au moment où je rentre dans cette pièce, je n'ai de toute façon pas grand-chose à perdre). Quand il me fait pénétrer dans le cabinet (qui lui ressemble à s'y méprendre à une chambre de cité-U), je me rends compte que ce médecin travaille sûrement avec le même matériel, sur le même bureau avec le même téléphone à cadran rotatif depuis le jour ou il a quitté l'Université il y a plus de quarante ans. D'un coté, je suis un peu rassuré : ce docteur a une mine rassurante, et on dit qu'ici les vieux médecins sont bien meilleurs que les jeunes, puisqu'ils ont été formés à la grande époque de l'URSS, au temps où les universités russes étaient parmi les meilleures du monde, quand on ne pouvait pas encore y acheter son diplôme pour quelques milliers de dollars (je connais un type qui paye $1000 par an pour avoir ses examens et diplômes sans mettre les pieds à la fac de l'année scolaire).
La consultation dura plus d'une heure. Ce médecin fait partie de ceux qui posent une question, vous auscultent quelques secondes puis écrivent un roman sur votre carnet de santé, et parlent le moins possible. Ça ne me pose pas de problème majeur, un médecin bavard uniquement russophone m'aurait mis dans l'embarras. Après plusieurs examens (durant lequel je découvre que canal carpien se dit pareil en français et en russe, et ou j'apprends avec soulagement que le mien ne pose pas de problème), il en arrive à la conclusion que j'ai une inflammation des tendons tricipitaux, ce dont j'étais déjà intimement persuadé. J'aurais tout de même conservé de mon passage sur les bancs des amphis de médecine une assez bonne connaissance de l'anatomie ! Il me regarde d'un drôle d'air quand je lui dis que je ne peux pas me permettre de m'arrêter pendant deux semaines (cette entrevue s'est déroulée deux semaines et deux jours avant mon départ), râle un coup contre les Circassiens qui ne veulent jamais s'arrêter (je ne suis pas le premier élève de l'école à passer le voir) et finit par me dire que je pourrais continuer à bosser si on emploie la manière forte. Il me tend un petit livret de santé avec une ordonnance pour des ampoules que je dois acheter pour des injections intra-articulaires qu'il me fera dans la semaine. Avant de partir, il m'entraîne dans son laboratoire et prépare lui même une solution anti-inflammatoire dont il remplit un pot de confiture qu'il me tend. Ceci est à priori bien plus efficace que les pommades qu'on trouve dans le commerce, et c'est offert par la maison. En quittant le cabinet, je redescends les étages -sans respirer pour éviter de choper la tuberculose, assez à la mode dans la région ces derniers mois- et retraverse un hall d'entrée vide, afin de regagner la rue et le presque XXI° siècle.
A première vue, les Hôpitaux publics sont donc gratuits. J'ai quelques doutes sur le chemin du retour, mais personne ne m'a rien demandé, rien dit non plus... Je me félicite d'avoir économisé les 70€ qu'aurait coûtée une consultation au centre médical européen, ou les 100$ demandés à l'Hôpital américain. Quand je reviens trois jours plus tard avec les ampoules, j'apprends que les soins sont payants, mais comme je ne me suis pas enregistré à l'entrée, personne ne devrait rien me réclamer. Le médecin m'avertit que l'injection coûtera 1000 Rb, en comptant le prix des aiguilles, de l'anesthésie, de la seringue, et du soin. Il ajoute qu'il sait que les étudiants, Russes comme étrangers, sont toujours dans des galères financières, et que si je lui refile 400 Rb, il me signera un laissez-passer pour la caisse, afin que je n'ai rien à régler à l'Hôpital. Il me dit finalement de ne rien lui payer, je lui filerai 500 Rb après la dernière consultation et tout ira pour le mieux. Ce médecin est vraiment un type adorable, et pour la première fois, je vais enfin participer réellement à l'incroyable économie souterraine Moscovite en versant amicalement des pots-de-vin à un praticien. Il m'explique en fait qu'il touchera la même somme si je paye 2000 Rb à l'administration ou 500 Rb directement dans sa poche. Puis il râle un peu, me dit clairement que si l'URSS avait ses mauvais côtés, au moins les soins étaient gratuits, et il avait les moyens de travailler dans de bonnes conditions... Puis arrive le charmant moment de l'injection, directement dans l'articulation. Il mélange dans une seringue (propre, stérile, sortie du sachet plastique scellé) l'anesthésiant et les produits qui devraient permettre à mon coude de se rétablir. Même avec anesthésiant, une injection dans l'articulation, contre les tendons, c'est loin d'être agréable. J'irais jusqu'à dire vraiment douloureux. L'anesthésie ne fait vraiment son effet que durant mon chemin de retour à la maison. Et là, la douleur disparaissant et ma main commençant à ne plus être entièrement sous contrôle, je découvre le côté comique d'une anesthésie du coude : je perds petit à petit le contrôle de mon bras, ma main se ferme toute seule, mon coude se tend parfois de manière totalement inattendue, et il me fallut finalement plusieurs minutes de bataille intensive pour parvenir à sortir mon portefeuille de ma poche quand j'ai voulu acheter mes Gauloises au kiosque en bas de chez moi. Je ne vous raconte pas la difficulté avec laquelle j'ai finalement ouvert la porte de ma chambre, verrouillée à double tour par une serrure déjà habituellement capricieuse. Puis l'anesthésie s'est terminée et la douleur reprenant le dessus, le côté ludique a rapidement disparu. Quand une semaine après je suis revenu pour une seconde injection de Dispropan, le médecin se souvenait encore de mon prénom, et je lui ai remis les 500 Rb pendant qu'il inspectait l'énorme bleu qui se trouvait au creux de mon coude, qui bien que d'une couleur peu ragoûtante est totalement indolore. Pour cette injection, il m'a fait l'anesthésie quelques minutes avant d'introduire son aiguille tout au fond de mon articulation - c'est fou à quel point une seringue peut s'infiltrer profondément dans une capsule articulaire. Pour le retour, j'avais tout prévu, et mon portefeuille et mes clefs étaient dans une poche atteignable de la main gauche, je n'ai pas eu à me ridiculiser à la caisse du supermarché pour trouver mon argent.
Mon bleu a pas mal évolué cette dernière semaine, et si je ne ressens plus aucune douleur dans le coude (ni de la tendinite, ni de l'injection) il continue de changer de couleur au gré de mes activités. Au repos, il est d'un rouge violacé, mais dès que je jongle, il oscille entre le vert, le jaune et le bleu marine... L'important c'est que je peux de nouveau m'entraîner sans serrer les dents et m'enduire de FastumGel anti-inflammatoire, mon coude est passablement laid mais fonctionne à merveille au niveau de mes articulations, je préfère miser sur le bon fonctionnement que sur l'esthétique...
Avec la fièvre que je me tape, je ferais mieux de me mettre au lit.
lettre du 14 avril 2007
Découvrez Lisa Ekdahl!
-Si la logique des phrases est encore plus obscure que d'habitude, c'est parce que j'ai encore une sacrée fièvre-
Certains croiront que je fais une fixette sur le printemps, que je démarre toujours par là, mais soyons honnêtes, l'hiver a été long, et je dois avouer que nous avons vu venir les beaux jours avec un certain soulagement. Au début c'était plus un pressentiment qu'un véritable changement, le soleil est arrivé avant la chaleur... Puis quelques détails ont commencé à me mettre la puce à l'oreille, des trucs insignifiants à première vue mais annonçant sans équivoque l'arrivée des lendemains qui chantent. Ça a commencé quand je me suis aperçu qu'au bout de Tvierskaïa, vers le manège et la Place Rouge, les Toi-toi se sont mis à réapparaître, et à gagner le reste de la ville. Les Toi-toi, ce sont ces toilettes en plastique comme on en voit aux abords des chantiers, ou dans quelques festivals, et on en voyait à chaque coin de rue jusqu'à l'arrivée du froid sibérien. Si ces Toi-toi avaient disparu le temps de l'hiver (on ne s'attardait de toute façon pas dans les rues, et par -25, il était impossible aux gardiens de Toi-toi de survivre à des journées de travail en plein air) ils sont, durant les beaux jours, indispensables à la ville de Moscou, considérant l'amour indescriptible des Russes pour les grandes ballades en ville et dans les parcs, des heures durant et une bière à la main. Une dans chaque main, allez...
D'autre détails ne trompaient pas: les musiciens de Teatralnaïa sont revenus peu à peu (en fait de musiciens de rues, ce sont sept ou huit violonistes, quatre altistes, deux violoncellistes et un contrebassiste qui jouent ensemble des "tubes" de la musique classique dans un passage souterrain à la sortie du métro, juste à côté de leur voisin, revenu quelques jours plus tard, qui vend sur des tréteaux ses œuvres d'art, pour la plupart des femmes nues peintes à la bombe dorée. Puis les vendeuses de souvenirs à la sauvette ont remis le nez dehors, les vendeurs de gants et de bonnets ont liquidé leurs stocks et vendent maintenant des lunettes de soleil (pour la plupart des Dior, Chanel ou D&G à 50 roubles), et surtout, les rues sont pleines de promeneurs. Et j'en fais partie. Plus de doute, les beaux jours sont là ! Le soleil brille depuis deux semaines, la température bat des records en frisant parfois les douze degrés (mais ça reste de l'ordre de l'exceptionnel) la neige a entièrement fondue... Nous pouvons de nouveau nous balader, voir la ville, lézarder sur les bancs des jardins du Kremlin en léchant des glaces, ôter nos manteaux (pas après 18 h, ne poussons pas mémères dans les orties), jouer à faire semblant de bronzer, jurer contre les Russes qui ne connaissent pas le principe du café en terrasse, nous réfugier au chaud après s'être rendus compte qu'on avait surestimé la température...
En partant rue Sadovaïa à la recherche de la maison où se déroule pour une grande partie "Le Maître et Marguerite" de Boulgakov que Fab et moi avons dévoré dernièrement, nous sommes tombés sur de charmants quartiers qui nous étaient jusqu'ici inconnus. Près du centre, mais loin des grands axes, nous avons découvert des enfilements de ravissantes petites rues, de places et de squares, choses que nous n'avions jamais vu a Moscou, ou nous connaissons plutôt les grandes avenues, les perspectives, les ignobles anneaux périphériques, les rues débordantes de voitures et les places grandes comme vingt-trois terrains de football. Voilà qui est plus reposant. C'était une des premières ballades des beaux jours, nous avions quelques heures à tuer avec Fanny et Fab avant de retrouver Juan qui passait par Moscou le temps d'un week-end, envoyé par sa boîte pour faire un boulot dont je n'ai pas exactement compris de quoi il s'agissait. Des histoires de programmations de caisses de supermarché ou quelque chose dans ce goût là, bref, rien de bien palpitant. Nous devions retrouver Juan à Chistie Proudi, dans l'entrée de la station de métro. Pendant que nous l'attendions, une bagarre entre jeunes bourrés à commencé à trois pas de nous, une engueulade entre un mec et une fille qui a tourné en pugilat général, même si l'essentiel des coups a été échangé par deux jeunes, qui se sont mis des roustes d'une violence passablement indescriptible. Nous avons continué d'attendre Juan à deux pas de la mêlée, en râlant pour qu'il se dépêche, et conjecturant soixante hypothèses différentes sur les causes de son retard. Puis par un coup de fil nous avons finalement appris qu'il nous attendait dehors : en voyant la bagarre en arrivant à la station, il avait pris le large tellement vite qu'on ne l'avait pas vu passer. En sortant, nous avons eu une étrange surprise : pour une raison qui nous est encore inconnue, tous les punks, gothiques, skinheads, hard-rockeurs, métalleux et crânes rasés, chargés jusqu'aux yeux d'alcool et de produits divers s'étaient donnés rendez vous dans le parc, qui bien que de taille conséquente débordait de jeunes défoncés en Doc Marten's. Nous sommes partis à la recherche de "l'auberge de jeunesse" de Juan, qui s'est avérée être un appartement au quatrième étage d'un immeuble dans une arrière cour mal éclairée, où cinq lits étaient loués à la nuit. Pendant que Juan entrait poser ses affaires, nous avons attendu sur le palier -sentant la pisse de chat comme ça ne devrait pas être permis- en essayant d'apercevoir l'intérieur de l'appartement. L'ameublement, la tapisserie, l'odeur de chat et la tête du propriétaire des lieux semblant sortir tout droit de Starky et Hutsh nous permirent de classer les lieux dans la même catégorie que "l'appartement de mon arrière-grand-mère qui habite Melun". À peu près. Puis nous sommes repartis vers le centre, pour nous retrouver tous les quatre au FAQ, pour se refaire une soirée entre nous, comme nous n'en avions pas fait depuis un certain temps. Après quelques heures, nous partons, en achetant bien sur une bière chacun au premier kiosque que nous avons croisé comme chaque promeneur moscovite qui se respecte, nous sommes partis faire un tour sur la Place Rouge, le Manège, tous ces jolis coins que Juan n'avait pas vu depuis quelques mois, et nous nous sommes séparés afin de rentrer dans nos chez-nous respectifs avant les heures de fermeture des portes (nous avons chez nous un nouveau garde aussi hideux que désagréable, qui nous déteste presque autant que nous le haïssons et qui est très tatillon sur les horaires...) en espérant que Juan ne se ferait pas écharper entre le métro et son auberge. Je l'ai revu deux jours après, il était toujours vivant, il n'est donc pas vecteur de poisse en permanence, il doit s'accorder des pauses de temps en temps. Nous sommes allés -les quatre français- boire un chocolat chaud et grignoter des petites pâtisseries au salon de thé du Café Pouchkine, établissement cité quelques années auparavant par un grand homme de lettres français qui vantait son chocolat. Le lieu est incroyable, en passant la porte, nous sommes accueillis par une petite soubrette dans une salle qui pourrait se trouver quelque part dans le palais de Versailles. Voici un joli voyage dans le temps, en passant la porte nous avons quitté le XXI° siècle russe pour nous retrouver tout à coup à la cour de Louis XIV, dans une salle richement décorée, aux plafonds sculptés, aux moulures dorées, où serveurs et serveuses sont des soubrettes et des valets... Dans un endroit si huppé, le chocolat chaud reste tout de même moins cher que dans n'importe quel bar parisien, et nous avons même les moyens de nous offrir des petits fours et des sablés, que nous dégustons le petit doigt en l'air, en jouant les précieux. En partant à la recherche des toilettes, qui m'ont été indiqués par un valet en livrée et une dame en habits de cour, je suis tombé dans la salle de restaurant, et je n'aurais absolument pas été étonné d'y croiser Louis XVI ou un quelconque monarque décédé depuis plus de deux siècles : la salle est encore plus richement décorée, une version encore plus rococo de la chambre du roi, où les serveuses portent des robes de reines, où un orchestre d'hommes et de femmes en perruques poudrées joue sur des harpes et des violes de gambe une musique nous plongeant dans l'ambiance... Incroyable. Comme Juan est un amoureux de ce style, et qu'il a adoré le film Marie-Antoinette, je l'envoie se paumer à son tour aux abords de la salle de restaurant. Je dois préciser maintenant que Juan est un branché sud-américain aussi précieux et homosexuel qu'il est permis de l'être, aussi, personne n'a été étonné quand il est revenu tout enthousiasmé nous annoncer que le jour où il se marierait avec un prince charmant, la cérémonie aurait lieu ici...
Nous sommes ensuite repassé une dernière fois près de la Place Rouge, et il est reparti vers chez lui, prêt à prendre son avion le lendemain...
Aux dernières nouvelles, il a réussi cette semaine à aller jusqu'à Londres sans y laisser sa peau, alors qu'il y a tout de même une mer à traverser... La mauvue a peut-être finie de s'acharner sur lui, qui sait ? Permettez moi tout de même d'en douter...
En plus de Juan, nous avons eu droit à la visite de Stine et Rasmus, deux professeurs de l'école de cirque de Copenhague. Je dis nous parce que depuis quelques temps je suis plus ou moins considéré comme un Danois à part entière, comme une Danoise même, de temps en temps. Enfin bref, ils avaient été prévenus qu'un inconnu s'était fondu au groupe de leurs élèves, et qu'il fallait qu'ils me dorlotent au même titre que leurs véritables élèves, ce qu'ils ont fait d'une manière charmante. Ils nous ont emmenés au vieux cirque de Tsvietnoï Boulvar où je n'avais encore jamais mis les pieds, payé des pop-corn, et nous leurs avons joué une version chorégraphiée "à la Russe" de "All My Loving" des Beatles. Bref, pour eux un petit moment en famille où j'ai été agréablement invité...
Comme un bonheur n'arrive jamais seul mais qu'il faut toujours compenser les bonnes choses par des emmerdes, le moral revenant, c'est le physique qui a vacillé et la tendinite tant redoutée s'est abattue sur moi comme la vérole sur le bas clergé. Les tendinites au coude, épaule ou poignets sont au jongleur ce que le coup de grisou est au mineur de fond, en moins dramatique, je vous l'accorde. C'est quelque chose qui arrive toujours au petit bonheur la chance, sans crier gare, et surtout généralement sans raison apparente... N'étant couvert par aucune sécurité sociale ou assurance maladie, j'ai décidé de jouer la carte de l'économie, et puisque les centres médicaux européens sont au-dessus de mes moyens, j'ai fait l'expérience des Hôpitaux Russes, avec, je dois l'avouer, une certaine appréhension. J'ai décidé de faire fi des "Ils te font une piqûre et ils te filent le tétanos" ou "ils te laisseront crever dans la salle d'attente si tu ne paye pas un bakchich" et de me rendre à la Polyclinique publique la plus proche de chez moi. Grâce à l'aide de Tania, la responsable de toutes les choses qui se passent mal dans l'école, j'ai réussi à obtenir les horaires des consultations ouvertes du chirurgien Sergueï Ivanovitch Gorbatsienko, spécialiste en traumatologies diverses. Vers 16 h, je franchis l'entrée de l'Hôpital, pour arriver dans un hall d'accueil quasiment présentable, mais entièrement vide d'employés... Je passe les tourniquets et me dirige vers le tableau des présences à la recherche du fameux chirurgien, finis par le trouver après cinq bonnes minutes et me dirige vers le sixième étage où se déroulent les consultations. En grimpant les escaliers, en passant les paliers, je me rends rapidement compte que le hall quasi-présentable n'est qu'une couverture, et qu'en le quittant, je laissais derrière moi le presque XXI° siècle pour plonger curieux mais sur mes gardes dans la première moitié des années cinquante. Deuxième voyage dans le temps de la semaine ! Arrivé au sixième étage, je suis bleu, les veines du front prêtes à péter d'avoir grimpé les trois derniers étages en apnée pour ne pas respirer les miasmes s'échappant des services des maladies infectieuses des troisième, quatrième et cinquième étages. Arrivé devant le cabinet, je m'assois dans la salle d'attente, et suis reçu dix minutes plus tard par un médecin ressemblant à s'y méprendre à mon Grand-Père Forest, qui je dois le préciser est octogénaire depuis déjà quelques temps. A ce moment me revient en mémoire ce petit détail : le concept de retraite est ici tellement flou et symbolique que les gens travaillent jusqu'à tant qu'ils n'en puissent vraiment plus... Si le chirurgien n'a sans doute pas encore célébré ses quatre-vingts printemps, et s'il est sûrement plus jeune que ma professeur de danse classique, je mettrai ma main à couper qu'il a plus de soixante-dix ans (vu l'état de mon coude au moment où je rentre dans cette pièce, je n'ai de toute façon pas grand-chose à perdre). Quand il me fait pénétrer dans le cabinet (qui lui ressemble à s'y méprendre à une chambre de cité-U), je me rends compte que ce médecin travaille sûrement avec le même matériel, sur le même bureau avec le même téléphone à cadran rotatif depuis le jour ou il a quitté l'Université il y a plus de quarante ans. D'un coté, je suis un peu rassuré : ce docteur a une mine rassurante, et on dit qu'ici les vieux médecins sont bien meilleurs que les jeunes, puisqu'ils ont été formés à la grande époque de l'URSS, au temps où les universités russes étaient parmi les meilleures du monde, quand on ne pouvait pas encore y acheter son diplôme pour quelques milliers de dollars (je connais un type qui paye $1000 par an pour avoir ses examens et diplômes sans mettre les pieds à la fac de l'année scolaire).
La consultation dura plus d'une heure. Ce médecin fait partie de ceux qui posent une question, vous auscultent quelques secondes puis écrivent un roman sur votre carnet de santé, et parlent le moins possible. Ça ne me pose pas de problème majeur, un médecin bavard uniquement russophone m'aurait mis dans l'embarras. Après plusieurs examens (durant lequel je découvre que canal carpien se dit pareil en français et en russe, et ou j'apprends avec soulagement que le mien ne pose pas de problème), il en arrive à la conclusion que j'ai une inflammation des tendons tricipitaux, ce dont j'étais déjà intimement persuadé. J'aurais tout de même conservé de mon passage sur les bancs des amphis de médecine une assez bonne connaissance de l'anatomie ! Il me regarde d'un drôle d'air quand je lui dis que je ne peux pas me permettre de m'arrêter pendant deux semaines (cette entrevue s'est déroulée deux semaines et deux jours avant mon départ), râle un coup contre les Circassiens qui ne veulent jamais s'arrêter (je ne suis pas le premier élève de l'école à passer le voir) et finit par me dire que je pourrais continuer à bosser si on emploie la manière forte. Il me tend un petit livret de santé avec une ordonnance pour des ampoules que je dois acheter pour des injections intra-articulaires qu'il me fera dans la semaine. Avant de partir, il m'entraîne dans son laboratoire et prépare lui même une solution anti-inflammatoire dont il remplit un pot de confiture qu'il me tend. Ceci est à priori bien plus efficace que les pommades qu'on trouve dans le commerce, et c'est offert par la maison. En quittant le cabinet, je redescends les étages -sans respirer pour éviter de choper la tuberculose, assez à la mode dans la région ces derniers mois- et retraverse un hall d'entrée vide, afin de regagner la rue et le presque XXI° siècle.
A première vue, les Hôpitaux publics sont donc gratuits. J'ai quelques doutes sur le chemin du retour, mais personne ne m'a rien demandé, rien dit non plus... Je me félicite d'avoir économisé les 70€ qu'aurait coûtée une consultation au centre médical européen, ou les 100$ demandés à l'Hôpital américain. Quand je reviens trois jours plus tard avec les ampoules, j'apprends que les soins sont payants, mais comme je ne me suis pas enregistré à l'entrée, personne ne devrait rien me réclamer. Le médecin m'avertit que l'injection coûtera 1000 Rb, en comptant le prix des aiguilles, de l'anesthésie, de la seringue, et du soin. Il ajoute qu'il sait que les étudiants, Russes comme étrangers, sont toujours dans des galères financières, et que si je lui refile 400 Rb, il me signera un laissez-passer pour la caisse, afin que je n'ai rien à régler à l'Hôpital. Il me dit finalement de ne rien lui payer, je lui filerai 500 Rb après la dernière consultation et tout ira pour le mieux. Ce médecin est vraiment un type adorable, et pour la première fois, je vais enfin participer réellement à l'incroyable économie souterraine Moscovite en versant amicalement des pots-de-vin à un praticien. Il m'explique en fait qu'il touchera la même somme si je paye 2000 Rb à l'administration ou 500 Rb directement dans sa poche. Puis il râle un peu, me dit clairement que si l'URSS avait ses mauvais côtés, au moins les soins étaient gratuits, et il avait les moyens de travailler dans de bonnes conditions... Puis arrive le charmant moment de l'injection, directement dans l'articulation. Il mélange dans une seringue (propre, stérile, sortie du sachet plastique scellé) l'anesthésiant et les produits qui devraient permettre à mon coude de se rétablir. Même avec anesthésiant, une injection dans l'articulation, contre les tendons, c'est loin d'être agréable. J'irais jusqu'à dire vraiment douloureux. L'anesthésie ne fait vraiment son effet que durant mon chemin de retour à la maison. Et là, la douleur disparaissant et ma main commençant à ne plus être entièrement sous contrôle, je découvre le côté comique d'une anesthésie du coude : je perds petit à petit le contrôle de mon bras, ma main se ferme toute seule, mon coude se tend parfois de manière totalement inattendue, et il me fallut finalement plusieurs minutes de bataille intensive pour parvenir à sortir mon portefeuille de ma poche quand j'ai voulu acheter mes Gauloises au kiosque en bas de chez moi. Je ne vous raconte pas la difficulté avec laquelle j'ai finalement ouvert la porte de ma chambre, verrouillée à double tour par une serrure déjà habituellement capricieuse. Puis l'anesthésie s'est terminée et la douleur reprenant le dessus, le côté ludique a rapidement disparu. Quand une semaine après je suis revenu pour une seconde injection de Dispropan, le médecin se souvenait encore de mon prénom, et je lui ai remis les 500 Rb pendant qu'il inspectait l'énorme bleu qui se trouvait au creux de mon coude, qui bien que d'une couleur peu ragoûtante est totalement indolore. Pour cette injection, il m'a fait l'anesthésie quelques minutes avant d'introduire son aiguille tout au fond de mon articulation - c'est fou à quel point une seringue peut s'infiltrer profondément dans une capsule articulaire. Pour le retour, j'avais tout prévu, et mon portefeuille et mes clefs étaient dans une poche atteignable de la main gauche, je n'ai pas eu à me ridiculiser à la caisse du supermarché pour trouver mon argent.
Mon bleu a pas mal évolué cette dernière semaine, et si je ne ressens plus aucune douleur dans le coude (ni de la tendinite, ni de l'injection) il continue de changer de couleur au gré de mes activités. Au repos, il est d'un rouge violacé, mais dès que je jongle, il oscille entre le vert, le jaune et le bleu marine... L'important c'est que je peux de nouveau m'entraîner sans serrer les dents et m'enduire de FastumGel anti-inflammatoire, mon coude est passablement laid mais fonctionne à merveille au niveau de mes articulations, je préfère miser sur le bon fonctionnement que sur l'esthétique...
Avec la fièvre que je me tape, je ferais mieux de me mettre au lit.
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